Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/136

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qui, la nuit, reprenaient toute leur carrure.

Sur la corniche de style égyptien, dont la ligne inflexible tranchait dans le ciel un vaste parallélogramme d’azur foncé, tremblotaient au souffle intermittent de la brise des lampes allumées de distance en distance ; le vivier, placé au milieu de la cour, mêlait, en les reflétant, leurs étincelles rouges aux étincelles bleues de la lune ; des rangées d’arbustes plantés autour du bassin dégageaient leurs parfums faibles et doux.

Au fond s’ouvrait la porte du gynécée et des appartements secrets, décorés avec une magnificence toute particulière.

Au-dessous du plafond régnait une frise d’uræus dressés sur la queue et gonflant la gorge. Sur l’entablement de la porte, dans la courbure de la corniche, le globe mystique déployait ses immenses ailes imbriquées ; des colonnes disposées en lignes symétriques supportaient d’épaisses membrures de grès formant des soffites, dont le fond bleu était constellé d’étoiles d’or. Sur les murailles, de grands tableaux découpés en bas-reliefs méplats et coloriés des teintes les plus brillantes représentaient les occupations familières du gynécée et les scènes de la vie intime. On y voyait le Pharaon sur son trône et jouant gravement aux échecs avec