Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/149

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Elles se retirèrent rougissantes et confuses, pressant de leurs mains leur poitrine haletante.

Des nains aux pieds tors, au corps gibbeux et difforme, dont les grimaces avaient le privilège de dérider la majesté granitique du Pharaon, n’eurent pas plus de succès : leurs contorsions n’arrachèrent pas un sourire à ses lèvres, dont les coins ne voulaient pas se relever.

Au son d’une musique bizarre composée de harpes triangulaires, de sistres, de cliquettes, de cymbales et de clairons, des bouffons égyptiens, coiffés de hautes mitres blanches de forme ridicule, s’avancèrent, deux doigts de la main fermés, les trois autres étendus, répétant leurs gestes grotesques avec une précision automatique et chantant des chansons extravagantes entremêlées de dissonances. Sa Majesté ne sourcilla pas.

Des femmes coiffées d’un petit casque d’où pendaient trois longs cordons terminés en houppe, les chevilles et les poignets cerclés de bandes de cuir noir, vêtues d’un étroit caleçon retenu par une, bretelle unique passant sur l’épaule, exécutèrent des tours de force et de souplesse plus surprenants les uns que les autres, se cambrant, se renversant, ployant comme