Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/150

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une branche de saule leurs corps disloqués, touchant le sol de leur nuque sans déplacer leurs talons, supportant, dans cette pose impossible, le poids de leurs compagnes. D’autres jonglèrent avec une boule, deux boules, trois boules, en avant, en arrière, les bras croisés, à cheval ou debout sur les reins d’une des femmes de la troupe ; une même, la plus habile, se mit des œillères comme Tmei, déesse de la justice, pour se rendre aveugle, et reçut les globes dans ses mains sans en laisser tomber un seul. Ces merveilles laissèrent le Pharaon insensible. Il ne prit pas plus de goût aux prouesses de deux combattants qui, le bras gauche garni d’un ceste, s’escrimaient avec des bâtons. Des hommes lançant dans un bloc de bois des couteaux dont la pointe se fichait à la place désignée d’une façon miraculeusement précise ne l’amusèrent pas davantage. Il repoussa même l’échiquier que lui présentait en s’offrant pour adversaire la belle Twéa, qu’ordinairement il regardait d’un œil favorable ; en vain Amensé, Taïa, Hont-Reché essayèrent quelques caresses timides ; il se leva, et se retira dans ses appartements sans avoir prononcé un mot.

Immobile sur le seuil se tenait le serviteur