Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/165

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symboles d’agriculture, et sur laquelle était posé un vase de lotus roses et bleus, complétaient cet ameublement d’une simplicité et d’une grâce champêtres.

Poëri s’assit sur le canapé. Tahoser, repliant une jambe sous la cuisse et relevant un genou, s’accroupit devant le jeune homme, qui fixait sur elle un œil plein d’interrogations bienveillantes.

Elle était ravissante ainsi : le voile de gaze dont elle s’enveloppait, retombant en arrière, découvrait les masses opulentes de sa chevelure nouée d’une étroite bandelette blanche, et permettait de voir en plein sa physionomie douce, charmante et triste. Sa tunique sans manches montrait jusqu’à l’épaule ses bras élégants et leur laissait toute liberté de gesticulation.

« Je me nomme Poëri, dit le jeune homme, et je suis intendant des biens de la couronne, ayant droit de porter dans ma coiffure de cérémonie les cornes de bélier dorées.

— Je me nomme Hora, répondit Tahoser, qui d’avance avait arrangé sa petite fable ; mes parents sont morts, et leurs biens vendus par les créanciers n’ont laissé que juste de quoi subvenir à leurs funérailles. Je suis donc restée seule et sans ressource ; mais, puisque tu veux bien m’accueillir,