Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/166

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je saurai reconnaître ton hospitalité : j’ai été instruite aux ouvrages de femmes, quoique ma condition ne m’obligeât pas à les exercer. Je sais tourner le fuseau, tisser la toile en y mêlant des fils de diverses couleurs, imiter les fleurs et tracer des ornements avec l’aiguille sur les étoffes ; je pourrai même, lorsque tu seras las de tes travaux et que la chaleur du jour t’accablera, te réjouir avec le chant, la harpe ou la mandore.

— Hora, sois la bienvenue chez Poëri, dit le jeune homme. Tu trouveras ici, sans briser tes forces, car tu sembles délicate, une occupation convenable pour une jeune fille qui connut des temps plus prospères. Il y a parmi mes servantes des filles très-douces et très-sages qui te seront d’agréables compagnes, et qui te montreront comment la vie est réglée dans cette habitation champêtre. En attendant, les jours succéderont aux jours, et il en viendra peut-être de meilleurs pour toi. Sinon, tu pourras doucement vieillir chez moi dans l’abondance et la paix : l’hôte que les dieux envoient est sacré. »

Ces paroles prononcées, Poëri se leva comme pour se soustraire aux remerciements de la fausse Hora, qui s’était prosternée à ses pieds et les baisait comme font les malheureux à qui l’on