Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/190

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VIII

Tahoser, il faut le dire, ne pensait guère à Nofré, sa suivante favorite, ni à l’inquiétude que devait causer son absence. Cette chère maîtresse avait tout à fait oublié sa belle maison de Thèbes, ses serviteurs et ses parures, chose bien difficile et bien incroyable pour une femme.

La fille de Pétamounoph ne se doutait aucunement de l’amour du Pharaon : elle n’avait pas remarqué l’œillade chargée de volupté tombée sur elle du haut de cette majesté que rien sur terre ne pouvait émouvoir : l’eût-elle vue, elle eût déposé ce désir royal en offrande, avec toutes les fleurs de son âme, aux pieds de Poëri.

Tout en repoussant de l’orteil son fuseau pour le faire remonter le long du fil, car on lui avait donné cette tâche, elle suivait du coin de l’œil tous les mouvements du jeune Hébreu et l’enveloppait de son regard comme d’une caresse ; elle