Derrière eux, marchaient dans les sillons des glaneurs, avec des couffes de sparterie où ils serraient les épis moissonnés, et qu’ils portaient sur leur épaule ou suspendus à une barre transversale, aidés par un compagnon, à des meules placées de distance en distance.
Quelquefois les moissonneurs essoufflés s’arrêtaient, reprenaient haleine, et, rejetant leur faucille sous leur bras droit, buvaient un coup d’eau ; puis ils se remettaient en hâte à l’ouvrage, craignant le bâton du contremaître ; les épis récoltés s’étalaient sur l’aire par couches égalisées à la fourche, et légèrement relevées au bord par les nouveaux paniers qu’on y versait.
Alors Poëri fit signe au bouvier de faire avancer ses bêtes. C’étaient de superbes animaux, aux longues cornes évasées comme la coiffure d’Isis, au garrot élevé, au fanon puissant, aux jambes sèches et nerveuses. La marque du domaine, empreinte au fer chaud, estampillait leurs hanches. Ils marchaient gravement, assujettis sous un joug horizontal reliant leurs quatre têtes.
On les poussa sur l’aire ; activés par le fouet à double mèche, ils se mirent à piétiner circulairement, faisant jaillir sous leurs sabots fourchus le grain de l’épi : le soleil brillait sur leur poil