Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/195

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luisant, et la poussière qu’ils soulevaient leur montait aux naseaux ; aussi, au bout d’une vingtaine de tours, s’appuyaient-ils les uns contre les autres, et, malgré les lanières sifflantes qui voltigeaient sur leurs flancs, ralentissaient-ils sensiblement le pas. Pour les encourager, le conducteur, qui les suivait en tenant par la queue la bête sous la main, entonna, sur un rythme joyeux et vif, la vieille chanson des bœufs : « tournez pour vous-mêmes ; à bœufs, tournez pour vous-mêmes ; des mesures pour vous, des mesures pour vos maîtres ! »

Et l’attelage ranimé se portait en avant et disparaissait dans un nuage de poussière blonde où scintillaient des étincelles d’or.

La besogne des bœufs terminée, vinrent des serviteurs qui, armés d’écopes de bois, élevaient le blé en l’air et le laissaient retomber pour le séparer des pailles, des barbes et des cosses.

Le blé ainsi vanné était mis dans des sacs dont un grammate prenait note, et porté aux greniers où conduisaient des échelles.

Tahoser, à l’ombre de son arbre, prenait plaisir à ce spectacle plein d’animation et de grandeur, et souvent sa main distraite oubliait de tordre le