Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/228

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XI

Ra’hel, qui du seuil de la cabane regardait Poëri s’éloigner, crut entendre un faible soupir ; elle écouta. Quelques chiens aboyaient à la lune ; la chouette poussait son cri funèbre, et les crocodiles vagissaient entre les roseaux du fleuve, imitant le cri d’un enfant en détresse. La jeune Israélite allait rentrer lorsqu’un gémissement plus distinct, qui ne pouvait être attribué aux vagues plaintes de la nuit, et sortait à coup sûr d’une poitrine humaine, frappa une seconde fois son oreille.

Elle s’approcha avec précaution, redoutant quelque embûche, de l’endroit d’où venait le son, et près du mur de la cabane elle aperçut dans l’ombre bleuâtre et transparente comme la forme d’un corps affaissé à terre ; la draperie mouillée moulait les formes de la fausse Hora et trahissait son sexe par de pures rondeurs. Ra’hel, voyant