Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/229

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qu’elle n’avait affaire qu’à une femme évanouie, perdit toute crainte et s’agenouilla près d’elle, interrogeant le souffle de sa bouche et le battement de son cœur. L’un expirait sur des lèvres pâles, l’autre soulevait à peine une gorge froide. Sentant l’eau qui trempait la robe de l’inconnue, Ra’hel crut d’abord que c’était du sang, et s’imagina avoir devant elle la victime d’un meurtre, et pour lui porter un secours plus efficace, elle appela Thamar, sa servante, et à elles deux elles portèrent Tahoser dans la cabane.

Les deux femmes l’étendirent sur le lit de repos. Thamar tint la lampe élevée, pendant que Ra’hel, penchée sur la jeune fille, cherchait sa blessure ; mais aucune raie rouge ne tranchait sur la blancheur mate de Tahoser, et sa robe ne présentait pas de tache pourprée ; elles lui enlevèrent son vêtement humide, et jetèrent sur elle une étoffe de laine rayée dont la douce chaleur eut bientôt fait reprendre son cours à la vie suspendue. Tahoser ouvrit lentement les yeux et promena autour d’elle son regard effaré, comme une gazelle prise.

Il lui fallut quelques minutes pour renouer le fil rompu de ses idées. Elle ne pouvait comprendre encore comment elle se trouvait dans cette