Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/252

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— Cette Tahoser, que tes messagers ont cherchée aux quatre points du vent, je connais sa retraite. »

Au nom de Tahoser, Pharaon se leva tout d’une pièce et fit quelques pas vers Thamar toujours agenouillée.

« Si tu dis vrai, tu peux prendre dans mes chambres de granit tout ce que tu seras capable de soulever d’or et de choses précieuses.

— Je te la livrerai, sois tranquille, » dit la vieille avec un rire strident.

Quel motif avait poussé Thamar à dénoncer au Pharaon la retraite où se cachait la fille du prêtre ? Elle voulait empêcher une union qui lui déplaisait ; elle avait pour la race d’Égypte une haine aveugle, farouche, irraisonnée, presque bestiale, et l’idée de briser le cœur de Tahoser lui souriait, une fois aux mains de Pharaon, la rivale de Ra’hel ne pouvait plus s’échapper ; les murs de granit du palais sauraient garder leur proie.

« Où est-elle ? dit Pharaon ; désigne l’endroit, je veux la voir sur-le-champ.

— Majesté, moi seule peux te guider ; je connais les détours de ces quartiers immondes où le plus humble de tes serviteurs dédaignerait de mettre le pied. Tahoser est là, dans une cabane