Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/260

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forts inutiles, lutte insensée ! son ravisseur souriant la ramenait d’une pression irrésistible et lente contre son cœur, comme s’il eût voulu l’y incruster ; elle se mit à crier, un baiser lui ferma la bouche.

Cependant les chevaux arrivèrent en trois ou quatre bonds devant le pylône, qu’ils traversèrent au galop, joyeux de rentrer à l’étable, et le char roula dans une immense cour.

Les serviteurs accoururent et se jetèrent à la tête des chevaux, dont les mors blanchissaient d’écume.

Tahoser promena autour d’elle ses regards effrayés ; de hauts murs de brique formaient une vaste enceinte où se dressait, au levant, un palais, au couchant, un temple entre deux vastes pièces d’eau, piscines des crocodiles sacrés. Les premiers rayons du soleil, dont le disque émergeait déjà derrière la chaîne arabique, jetaient une lueur rose sur le sommet des constructions, dont le reste baignait encore dans une ombre bleuâtre. Aucun espoir de fuite ; l’architecture, quoiqu’elle n’eût rien de sinistre, présentait un caractère de force inéluctable, de volonté sans réplique, de persistance éternelle ; un cataclysme cosmique seul eût pu ouvrir une issue dans ces