Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/273

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avec le dos de sa main jaune plus sèche que celle d’une momie, et dit d’un air d’étonnement très bien joué :

« Est-ce qu’elle n’est plus là ?

— Non, répondit Ra’hel, et, si je ne voyais encore sa place creusée sur le lit à côté de la mienne, et pendue à cette cheville la robe qu’elle a quittée, je croirais que les bizarres événements de cette nuit n’étaient que les illusions d’un rêve. »

Quoiqu’elle sût parfaitement à quoi s’en tenir sur la disparition de Tahoser, Thamar souleva un bout de draperie tendu à l’angle de la chambre, comme si l’Égyptienne eût pu se cacher derrière ; elle ouvrit la porte de la cabane, et, debout sur le seuil, explora minutieusement du regard les environs, puis, se retournant vers l’intérieur, elle fit à sa maîtresse un signe négatif.

« C’est étrange, dit Ra’hel pensive.

— Maîtresse, dit la vieille en se rapprochant de la belle Israélite avec des façons doucereuses et câlines, tu sais que cette étrangère m’avait déplu.

— Tout le monde te déplaît, Thamar, répondit Ra’hel en souriant.