Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/274

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— Excepté toi, maîtresse, dit la vieille en portant à ses lèvres la main de la jeune femme.

— Oh ! je le sais, tu m’es dévouée.

— Je n’ai jamais eu d’enfants, et parfois je me figure que je suis ta mère.

— Bonne Thamar ! dit Ra’hel attendrie.

— Avais-je tort, continua Thamar, de trouver son apparition étrange ? sa disparition l’explique. Elle se disait Tahoser, fille de Pétamounoph ; ce n’était qu’un démon ayant pris cette forme pour séduire et tenter un enfant d’Israël. As-tu vu comme elle s’est troublée lorsque Poëri a parlé contre les idoles de pierre, de bois et de métal ; et comme elle a eu de la peine à prononcer ces paroles : « Je tâcherai de croire à ton Dieu. » On eût dit que le mot lui brûlait les lèvres comme un charbon.

— Ses larmes qui tombaient sur mon cœur étaient bien de vraies larmes, des larmes de femme, dit Ra’hel.

— Les crocodiles pleurent quand ils veulent, et les hyènes rient pour attirer leur proie, continua la vieille : les mauvais esprits qui rôdent la nuit parmi les pierres et les ruines savent bien des ruses et jouent tous les rôles.

— Ainsi, selon toi, cette pauvre Tahoser