Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/297

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noire, s’enfuyaient à travers les roseaux ou levaient au-dessus du fleuve leurs mufles énormes, ne pouvant plus respirer dans cette eau sanglante.

Les canaux, les viviers, les piscines avaient pris les mêmes teintes, et les coupes pleines d’eau étaient rouges comme les cratères où l’on reçoit le sang des victimes.

Pharaon ne s’étonna pas de ce prodige, et il dit aux deux Hébreux :

« Ce miracle pourrait épouvanter une populace crédule et ignorante ; mais il n’y a là rien qui me surprenne. Qu’on fasse venir Ennana et le collège des hiéroglyphites ; ils vont refaire ce tour de magie. »

Les hiéroglyphites vinrent, leur chef en tête : Ennana jeta un regard sur le fleuve roulant des flots empourprés, et il vit de quoi il s’agissait.

« Remets les choses en l’état primitif, dit-il au compagnon de Mosché, que je refasse ton enchantement. »

Aharon frappa de nouveau le fleuve, qui reprit aussitôt sa couleur naturelle.

Ennana fit un signe d’approbation, comme un savant impartial qui rend justice à l’habileté d’un confrère. Il trouvait la chose bien faite pour quelqu’un qui n’avait pas eu, ainsi que lui, l’avan-