Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par centaines, commençant à s’alarmer de cet envahissement prodigieux, s’envolaient au plus haut du ciel, avec des claquements de mandibules.

Aharon et Mosché triomphaient ; Ennana, convoqué, paraissait réfléchir. Le doigt posé sur son front chauve, les yeux demi-fermés, on eût dit qu’il cherchait au fond de sa mémoire une formule magique oubliée.

Pharaon, inquiet, se tourna vers lui.

« Eh bien, Ennana ! À force de rêver, as-tu perdu la tête ? et ce prodige serait-il au-dessus de ta science ?

— Nullement, ô roi ; mais quand on mesure l’infini, qu’on suppute l’éternité, et qu’on épelle l’incompréhensible, il peut arriver qu’on n’ait pas présent à l’esprit le mot baroque qui domine les reptiles, les fait naître ou les anéantit. Regarde bien ! Toute cette vermine va disparaître. »

Le vieil hiéroglyphite agita sa baguette et dit tout bas quelques syllabes.

En un instant, les champs, les places, les chemins, les quais du fleuve, les rues de la ville, les cours des palais, les chambres des maisons furent nettoyés de leurs hôtes coassants et rendus à leur état primitif.