Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/315

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dessus la tête des Hébreux, qu’il eût couchés comme des épis, et retenant par sa pression les vagues amoncelées et rugissantes. C’était la respiration de l’Éternel qui séparait en deux la mer !

Effrayés de ce miracle, les Égyptiens hésitaient à poursuivre les Hébreux ; mais Pharaon, avec son courage altier que rien ne pouvait abattre, poussa ses chevaux qui se cabraient et se renversaient sur le timon, les fouaillant à tour de bras de son fouet à double lanière, les yeux pleins de sang, l’écume aux lèvres et rugissant comme un lion dont la proie s’échappe ! il les détermina enfin à entrer dans cette voie si étrangement ouverte !

Les six cents chars suivirent : les derniers Israélites, parmi lesquels se trouvaient Poëri, Ra’hel et Thamar, se crurent perdus, voyant l’ennemi prendre le même chemin qu’eux ; mais, lorsque les Égyptiens furent bien engagés, Mosché fit un signe : les roues des chars se détachèrent, et ce fut une horrible confusion de chevaux, de guerriers, se heurtant et s’entrechoquant ; puis les montagnes d’eau miraculeusement suspendues s’écroulèrent, et la mer se referma, roulant dans des tourbillons d’écume