Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/53

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vives, avaient cette vie immobile, ce mouvement figé, cette intensité mystérieuse de l’art égyptien, contrarié par la règle sacerdotale, et qui ressemble à un homme bâillonné tâchant de faire comprendre son secret.

Au milieu de la salle se dressait massif et grandiose le sarcophage creusé dans un énorme bloc de basalte noir que fermait un couvercle de même matière, taillé en dos d’âne. Les quatre faces du monolithe funèbre étaient couvertes de personnages et d’hiéroglyphes aussi précieusement gravés que l’intaille d’une bague en pierre fine, quoique les Égyptiens ne connussent pas le fer et que le basalte ait un grain réfractaire à émousser les aciers les plus durs. L’imagination se perd à rêver le procédé par lequel ce peuple merveilleux écrivait sur le porphyre et le granit, comme avec une pointe sur des tablettes de cire.

Aux angles du sarcophage étaient posés quatre vases d’albâtre oriental du galbe le plus élégant et le plus pur, dont les couvercles sculptés représentaient la tête d’homme d’Amset, la tête de cynocéphale d’Hapi, la tête de chacal de Soumaoutf, la tête d’épervier de Kebsbnif : c’étaient les vases contenant les viscères de la momie enfermée dans le sarcophage. À la tête du tombeau,