Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/84

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de plumes d’autruche, un disque entre les cornes, aplatissant son dos pour recevoir le dormeur ou la dormeuse sur son mince matelas rouge, arc-boutant contre le sol, en manière de pieds, ses jambes noires terminées par des sabots verts, et retroussant sa queue divisée en deux flocons. Ce quadrupède-lit, cet animal-meuble eût paru étrange en tout autre pays que l’Égypte, où les lions et les chacals se laissent également arranger en lits par le caprice de l’ouvrier. Devant cette couche était placé un escabeau à quatre marches pour y monter ; à la tête, un chevet d’albâtre oriental, destiné à soutenir le col sans déranger la coiffure, se creusait en demi-lune.

Au milieu, une table de bois précieux travaillé avec un soin charmant posait son disque sur un socle évidé. Différents objets l’encombraient : un pot de fleurs de lotus, un miroir de bronze poli à pied d’ivoire, une buire d’agate rubanée pleine de poudre d’antimoine, une spatule à parfums en bois de sycomore, formée par une jeune fille nue jusqu’aux reins, allongée dans une position de nage et semblant vouloir soutenir sa cassolette au-dessus de l’eau.

Près de la table, sur un fauteuil en bois doré réchampi de rouge, aux pieds bleus, aux bras fi-