Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/93

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rement nues, n’avaient pour ornement qu’un bracelet en pâte émaillée ; celles-là, vêtues d’un pagne étroit retenu par des bretelles, portaient pour coiffure quelques brins de fleurs tordus. C’était étrange et gracieux. Les boutons et les fleurs, doucement agités, répandaient leurs parfums à travers la salle, et ces jeunes femmes couronnées eussent pu offrir aux poëtes d’heureux sujets de comparaison.

Mais Satou s’était exagéré la puissance de son art. Le rythme joyeux semblait avoir accru la mélancolie de Tahoser. Une larme roulait sur sa belle joue, comme une goutte d’eau du Nil sur un pétale de nymphæa, et, cachant sa tête contre la poitrine de la suivante favorite qui se tenait accoudée au fauteuil de sa maîtresse, elle murmura dans un sanglot, avec un gémissement de colombe étouffée :

« Oh ! ma pauvre Nofré, je suis bien triste et bien malheureuse ! »