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le second rang du collier

Ce qui est certain, c’est que les compositeurs aimaient le poète et le sollicitaient souvent de collaborer avec eux. Ernest Reyer est celui qui savait le mieux s’y prendre pour obtenir ce qu’il voulait. D’autres, très illustres, eurent moins de bonheur :

Meyerbeer, par exemple, alors à l’apogée de sa gloire.

La partition de Struensée se trouvait parmi les volumes, de musique assez frivole, qui composaient la bibliothèque de ma mère. La présence de cette œuvre, que nous considérions comme la meilleure du maître, nous étonnait beaucoup. Cependant Meyerbeer avait offert à ma mère, avec de belles dédicaces, ses principaux opéras ; mais, dans Struensée, il n’y avait pas de chant, et cette œuvre, éditée en Allemagne, personne ne la connaissait alors à Paris. C’était à mon père que Meyerbeer l’avait donnée, car il fut longtemps question, entre eux, d’une collaboration. Il s’agissait de vers déclamés sur la musique et expliquant le drame, dont l’auteur était Michel Beer, frère du maître. Meyerbeer s’engageait à fournir les éclaircissements nécessaires, et il écrivit à mon père cette curieuse lettre[1] :

Monsieur,

M. Brandus est venu deux fois pour avoir l’honneur de vous rencontrer. Il voulait vous amener un pianiste prêt à

  1. Citée par le vicomte Spoelberch de Lovenjoul dans son Histoire des Œuvres de Théophile Gautier.