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le second rang du collier

de Sébastien Bach et le Clavecin bien tempéré.

À partir de ce jour, un grand changement se produisit à la maison : la musique prit une importance excessive : « la musique allemande, la vraie, la seule», — à ce que ma sœur, facilement conquise, et moi, nous proclamions avec l’intransigeance de la jeunesse. — Cela amena un conflit : ma mère, préférait, naturellement, le style italien, tandis que nous n’avions plus pour lui que haine et mépris.

Mon père, prudemment, restait neutre ; en apparence, car, en réalité, il était de notre parti et le favorisait.

On a toujours affirmé que Théophile Gautier détestait la musique. On en a donné comme preuve irréfutable cette phrase célèbre : « La musique est le plus désagréable et le plus cher de tous les bruits ». La vérité est qu’il n’est pas l’auteur de cette boutade. Il n’a fait que la citer, en ces termes, dans Caprices et Zigzags :

Un soir, j’étais à Drury-Lane. On jouait la Favorite, accommodée au goût britannique et traduite dans la langue de l’île, ce qui produisait un vacarme difficile à qualifier et justifiait parfaitement le mot d’un géomètre qui n’était pas mélomane assurément : « La musique est le plus désagréable et le plus cher de tous les bruits. » Aussi, j’écoutais peu, et j’avais le dos tourné au théâtre…

Théophile Gautier ne dit pas quel était ce géomètre (et il serait curieux de le rechercher), mais cette omission, en tout cas, ne prouve rien.