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le second rang du collier

nous croyions, de ne pas voir nos signes évidents de lassitude et d’impatience.

Nous étions très bien installés dans cet hôtel, mais, par ce temps d’exposition, le prix était exorbitant. Ce fut ce M. S… qui nous conseilla, très sagement, de quitter l’hôtel pour un appartement meublé. Ce fut lui encore qui découvrit, à Penton Square, la maison qui convenait. Mais, après le confort de l’hôtel et l’animation amusante de la place, ce nouveau logis nous parut triste et mesquin. Ce square, au bout d’une petite rue, formait comme une grande cour carrée très solitaire. La maison était juste en face de la rue qui débouchait dans Piccadilly et nous permettait seulement d’apercevoir, un peu et de loin, le mouvement de la ville.

Nous avions, au premier, un salon, qui servait de salle à manger, entre deux chambres où s’établirent mon père et ma mère. Ma sœur et moi, avec la femme de chambre, nous fûmes logées au second étage, dans un appartement qui donnait sur des cours et des toits très noirs. La propriétaire de cette maison se chargea de notre nourriture, mais elle fut très chiche, et nous avions l’impression de mourir un peu de faim. Aussi, il fut vite résolu que nous ajouterions un repas au maigre ordinaire de la maison : un souper, que nous allions, en bande, acheter dans les petites rues commerçantes, très éclairées par des torches de gaz et dont l’as-