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le second rang du collier

nous suivait du regard doux de ses grands yeux à longs cils, et, les mains sur les hanches, ployait vers nous sa haute taille : nous l’embrassions encore, puis nous redescendions et reprenions notre route, avec les amis les plus fidèles, qui avaient eu la constance de nous attendre.

Un autre personnage, habitait aussi un entresol, de ce même côté du boulevard ; mais chez celui-ci nous ne nous arrêtions pas : c’était Paul de Kock. On le voyait presque toujours assis derrière sa fenêtre ouverte, face au public, avec sa bonne tête joyeuse toute ébouriffée de cheveux blancs. On l’acclamait, on l’interpellait en passant, et il échangeait des propos avec la foule. Nous méprisions cette gloire. Nous ne savions rien de l’œuvre d’ailleurs, mais l’engouement de Pie IX pour l’écrivain nous donnait envie de lire ses livres [1] ; mon père redisait souvent la question fameuse, que le Saint-Père posait à tous les visiteurs français :

— Connaissez-vous Paolo di Koko ?…

Nous n’allions guère plus loin, à pied, que la Madeleine. C’était assez long. Mais la route nous paraissait très courte, faite ainsi en aimable compagnie et en devisant gaiement.

Très souvent Toto et Olivier de Gourjault nous accompagnaient jusqu’à Neuilly et restaient à dîner.

En attendant l’arrivée du père, qui rentrait tou-

  1. Voir la note à la fin du volume.