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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/185

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le second rang du collier

À ce déchaînement de haine, à ces clameurs, à ces huées, il ne se trompait pas : il les avait entendues déjà en 1830, et savait bien que le génie seul est capable d’exaspérer à ce point la foule, comme si sa supériorité était, vraiment, la plus sanglante insulte faite à la médiocrité.

— Moi, qui ne suis qu’un âne en musique, à ce que l’on prétend, disait-il, je n’avais pas fait tant de façons et j’avais trouvé le Tannhäuser très beau, tout simplement.

Et encore n’avait-il pas écrit tout son sentiment : pour ne pas trop empiéter sur le domaine de son collègue, de Rovray, critique musical au Moniteur, il s’était surtout attaché à l’analyse du poème et, en ce qui concerne la musique, il avait certainement subi une influence. Il y avait quelque musicien parmi ses compagnons de voyage, qui lui souffla les appréciations, assez singulières, que nous avons citées, comme par exemple : « Le maître s’abstient de moduler », qu’il reproduisit respectueusement, croyant être très sûrement documenté, puisqu’il l’était par un homme du métier.

Baudelaire était très heureux que Théophile Gautier eût écrit cet article sur Wagner : ce document, disait-il, aiderait à la réhabilitation de Paris. Chauvin, à sa manière, Baudelaire souffrait extrêmement de la honte dont le scandale de l’Opéra éclaboussait la France.

— Qu’est-ce qu’on va penser de nous dans le