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le second rang du collier

tement l’huile sur les jaunes d’œuf. D’autres tenaient le citron, les fines herbes et les ingrédients divers. On déclarait toujours ma sauce exquise, et on s’en disputait jusqu’à la dernière bribe.

Le dessert était quelquefois assez recherché ; mais, quand il venait de Paris, il n’arrivait pas toujours à temps. Je me souviens d’une certaine glace aux bananes, que mon père avait imaginée, et commandée chez Joséphine, qui s’égara dans les dédales obscurs de Courbevoie et ne nous parvint que très tard dans la soirée. On lui fit tout de même bon accueil.

Au salon, mon père s’installait sur le canapé rouge, placé à droite de la porte, pas loin de la cheminée. Quelques-uns des plus graves, parmi les invités, s’asseyaient auprès de lui, et ils essayaient de causer, au milieu du joyeux vacarme.

Gustave Doré combinait des tableaux vivants. La reproduction de la célèbre toile : la Naissance de Henri IV, eut beaucoup de succès. Dash, présenté dans un torchon, figurait le nouveau-né. — Dash était un affreux et délicieux roquet, boiteux, dont Théophile Gautier a donné la biographie dans sa Ménagerie intime.

Madarasz fut un habile organisateur de charades. Ce jeu amusait beaucoup mon père. Le jeune Hongrois avait des ressources infinies : c’est lui qui nous enseigna à reproduire, d’une façon si saisissante, la silhouette d’un chameau. Voici comment