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le second rang du collier

Vers minuit, en hiver surtout, deux ou trois des carrosses du père Girault, qui avaient été réquisitionnés, s’alignaient devant la porte. Ceux des invités qui habitaient à peu près dans les mêmes zones, à Paris, essayaient de s’entendre pour former des groupes, — cela n’était pas facile, les sympathies ne s’arrangeant pas toujours de la combinaison. — Après des changements d’itinéraire, des discussions sur la situation des quartiers, on s’entassait enfin dans les voitures, en nous criant encore : « Au revoir ! À jeudi prochain ! » Et les véhicules, traînés par des chevaux somnolents, s’enfonçaient dans l’obscurité.

Nous fermions la porte, nous poussions les verrous ; mais la petite maison de la rue de Longchamp ne s’éteignait pas encore : Théophile Gautier, toujours très éveillé à cette heure-là, était plus que jamais en train de causer. Il s’agenouillait de nouveau sur le canapé, allumait un cigare, et, tant que le cigare durait, la petite soirée intime, tranquille et douce, se prolongeait.