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le second rang du collier

du Bureau des Longitudes, pour me tenir au courant des choses du ciel.

Mais sans les mathématiques, l’étude de l’astronomie était fatalement bornée et stérile.

Les mathématiques !…

Pour faire la moindre addition, je ne connaissais pas d’autre procédé que de compter sur mes doigts ; mon père me donnait l’exemple, d’ailleurs, et il n’avait pas honte du tout, sachant bien que les artistes ne peuvent rien entendre aux chiffres, sans doute, parce qu’ils ont en général peu de chose à compter. La façon dont Beethoven procédait pour multiplier neuf fois deux en est une preuve charmante :

______________2_______2_______2
______________2_______2_______2
______________2_______2_______2
__________________________________
_____________18

Ne pas savoir l’arithmétique me semblait même une vertu, depuis le jour où, devant le tableau noir, une sous-maîtresse du pensionnat Biré, m’avait dit, pour me stimuler :

— Mais, mademoiselle, le calcul est la science des sots.

Je lui avais effrontément répondu :

— C’est pour cela que ce n’est pas la mienne !

Mais alors, comment aborder jamais les mathématiques ?