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le second rang du collier

aussitôt que possible, le jour même, probablement.

Mais la journée se passa en attentes et en courses vaines : l’émissaire ne reparut pas chez le tailleur, qui ignorait son adresse. On ne le revit au magasin que le lendemain assez tard, et comment il fut reçu, on le devine. Où avait-il déposé le paquet ? Qu’en avait-il fait, puisqu’il ne l’avait pas remis et qu’il ne le rapportait pas ?… Après quelques hésitations, le misérable se confessa. Pour bénéficier de la différence de prix, au lieu de prendre un fiacre, comme on le lui avait ordonné, il avait pris l’omnibus et était même monté sur l’impériale. Il tenait le paquet bien soigneusement sur ses genoux ; mais, vers la moitié de l’avenue, un voyageur pressé avait, en passant, si brutalement accroché le paquet qu’il fut projeté, du haut de l’omnibus, en pleine boue. N’osant pas livrer le vêtement dans l’état où il le ramassa, l’employé revint à Paris et courut chez un teinturier, pour le faire nettoyer. Celui-ci ne voulut pas interrompre ses occupations pour s’occuper, tout de suite, de ce travail nouveau, qui demandait du temps et des soins, et il avait gardé la culotte.

Avec quel plaisir, on eût roué de coups ce malheureux ! Mais cela n’eût rien réparé. En l’accablant d’injures, on le suivit chez le dégraisseur inconnu, et Rodolfo ne put partir que le soir pour Compiègne, sans espoir d’arriver avant l’heure du dîner