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II


Théophile Gautier adorait les voyages, mais il détestait, ou croyait détester la campagne.

— La villégiature qui me plairait le plus, répétait-il souvent, ce serait un entresol sur le boulevard des Italiens.

Cependant un projet imprévu prit naissance à la maison, un certain printemps, et devint le sujet de toutes les conversations : il était question de déménager, de quitter la rue de la Grange-Batelière, où nous habitions depuis plusieurs années, d’abandonner même Paris, et d’aller s’installer aux environs.

Cette idée avait été suggérée à mon père, insinuée plutôt, et presque imposée, par les directeurs du Moniteur Universel, journal officiel de l’Empire.

Elle fut d’abord accueillie sans enthousiasme, mon père ne se laissa pas convaincre facilement ; mais les deux amis qui avaient résolu de le décider revenaient sans cesse à la charge.

Le journal officiel était alors pourvu d’une organisation singulière. Il avait deux directeurs. Non pas deux collaborateurs qui unissaient leurs tra-