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le second rang du collier

petit tas, une sorte de petite montagne, au sommet de laquelle on enfonçait à demi une bague : il fallait alors s’agenouiller, et les mains attachées derrière le dos, s’efforcer de saisir la bague avec les dents. Cela n’était pas facile ; le plus souvent on piquait du nez dans la poudre molle et, au milieu des rires, on se relevait, très comique, la figure tout enfarinée : là résidait, naturellement, le principal charme du jeu.



À cette époque étaient souvent réunis, aux dîners du jeudi, ces personnages de pays si divers, dont Edmond de Goncourt a parlé, et à propos de qui Théophile Gautier disait : « En compagnie de mes convives, on pourrait faire le tour du monde sans interprète. » Il y avait un chinois, des persans, des hongrois, le prince lithuanien Léon Radziwill, le colonel russe Froloff, des italiens, des allemands, et tous parlant plusieurs langues.

Quelquefois mon père amenait de Paris, un hôte, inconnu de nous, et cela troublait un peu l’intimité établie entre les habitués, assez hostiles, en général, aux nouveaux venus.

Un jour, il nous prévint qu’il avait invité à dîner M. B…, que nous avions rencontré au Moniteur Universel, où il était employé ; l’incident qui marqua cette unique visite la rendit inoubliable.