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le second rang du collier

— Tissées avec l’étoffe.

— Alors c’est cela qu’il faut !

Et il se montrait tout fier d’avoir imaginé cette solution ingénieuse.

Il ne semblait pas se douter combien il était délicieux et touchant dans ce rôle maternel.



C’était une fête pour nous quand le grand Flaubert dînait à Neuilly. Il venait rarement le jeudi, car nous préférions l’avoir à nous seuls. Quelquefois Louis Bouilhet, son ami, son frère d’élection, l’accompagnait, et l’on invitait aussi Maxime du Camp et Ernest Feydeau. Cela formait, avec Théophile Gautier, comme un groupe à part, d’une camaraderie plus intime et trouvant le même attrait dans la conversation, « le grand, l’unique plaisir, d’un être spirituel », comme disait Baudelaire. Les entendre remuer des idées était une joie de choix. Ils semblaient jeter à pleines mains à travers le champ de la pensée des graines folles qui, ainsi que dans les magies indiennes germaient et fleurissaient sur l’heure. Rien de morose ni de pédantesque en ces causeries, étincelantes de verve et de gaieté, qui cinglaient parfois d’épigrammes aiguës la bêtise et la méchanceté humaine, mais avec plus de pitié que d’amertume.

Flaubert préparait déjà Bouvard et Pécuchet ;