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le second rang du collier

de son secrétaire, qui le rattrapa et le reçut dans ses bras, il s’effondrait lamentablement par terre.



Parmi les camarades de mon frère, qui étaient devenus nos amis, il y en avait deux, qui, retenus par leurs fonctions en province, ne pouvaient venir à Paris que très rarement. L’un, Emmanuel Ménessier-Nodier, était le petit-fils de Charles Nodier par sa mère, dont David d’Angers a, dans un de ses médaillons, reproduit les traits charmants, sous la haute et extraordinaire coiffure, qui fut à la mode de 1830 à 1835. L’autre s’appelait Géraldy et avait été surnommé Nadir ; nous ne savions pas autre chose sur lui.

Ces amis, qui ne nous faisaient que de si rares et si brèves visites, n’étaient pas parmi les moins aimés, et on les accueillait toujours avec une joie très vive.

Emmanuel et Nadir arrivaient à l’improviste, dans l’après-midi, et, souvent, nous étions seules à la maison. Aussitôt entrés, l’un s’emparant de ma sœur, l’autre de moi, ils nous entraînaient, dans un tourbillonnement de valse. Nous dansions ainsi sans musique, changeant parfois de cavalier, jusqu’à parfait essoufflement.

Alors nous nous laissions tomber sur des sièges et l’on se disait bonjour.