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le second rang du collier

— Est-ce que monsieur le duc est de bonne humeur ?

Et il n’approchait qu’avec précaution des grilles, derrière lesquelles était tapi son étrange employé.

Un jour, d’un air plus digne encore que d’habitude, Antonino Capece Minutolo, dei Duchi di San Valentino, sortit de sa forteresse, remit aux directeurs les clefs de la caisse et donna sa démission. Mais il comprenait bien qu’on ne pouvait plus rien pour lui : il disparut, retourna sans doute en Italie, et nous n’avons jamais pu savoir ce qu’il est devenu.

On parla, longtemps avant son arrivée, d’un troisième cousin, très ami de ma mère celui-là, qui s’annonça par des lettres, où il exposait ses raisons de venir à Paris.

Il n’était notre parent que par alliance ; il s’appelait le comte Barni et avait été le mari de la grande cantatrice Giuditta Grisi, sœur de Giulia. Ma mère gardait un culte à la mémoire de sa cousine, qui s’était occupée de son éducation musicale, et auprès de laquelle s’était écoulée sa jeunesse. Elle tenait en haute estime son cousin Barni, qui, d’après elle, conservait les allures d’un seigneur d’autrefois : viveur magnifique, toujours en fête, généreux et prodigue, tellement même qu’il avait croqué presque toute sa fortune. Son voyage à Paris devait servir à la relever : il existait, dans la famille Barni, un majorât important, auquel le cousin