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le second rang du collier


Post prandium stabis,
Seu passus mille meabis,


C’est mon père qui récite ce précepte de l’école de Salerne, en nous entraînant sur la terrasse, après le déjeuner, pour nous promener et causer.

— Il faudrait traduire cela en vers français, dit-il, mais ça n’est pas très commode… Que penses-tu de ce distique, cependant ?…


Après dîner, debout tu te tiendras,
Ou seulement mille pas tu feras.


— Hein ! est-ce assez mirlitonesque et proverbial ?

— C’est très bien !

— En tout cas, c’est exact et ça rime.

Et nous faisons les mille pas.

C’est l’heure la plus charmante de la journée, celle où le père est vraiment à nous, et qu’il prolonge d’ailleurs autant qu’il le peut.

La terrasse est extrêmement agréable pour ces lentes promenades. À l’angle de la salle à manger, elle s’épanouit et forme la cour, élargie qu’elle est de toute l’épaisseur de la maison : les fenêtres, de ce côté-là, font face au pavillon du jardinier, tout enguirlandé de vigne vierge. Plus loin, la terrasse reprend sa largeur initiale, en longeant la maison