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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/57

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le second rang du collier

allait les ramasser, si quelques pauvresses ne les avaient pas trouvés et emportés.

— Alors, c’est tant mieux pour elles, disait-il : je suis philanthrope de bon cœur.

Tous les matins, donc, depuis notre arrivée, M. Robelin venait nous voir, vers la fin du déjeuner ; et, pendant de longues années, il n’a jamais manqué à cette habitude.

Il entrait par la porte de la cour, dont on n’avait qu’à tourner le bouton et qui sonnait en s’ouvrant. C’était pour ne déranger personne ; mais son entrée dans la salle à manger causait toujours, néanmoins, un indescriptible tumulte et un grand émoi : il avait à sa suite un chien de chasse blanc et gris et un vieil épagneul noir. Aussitôt la porte vitrée entr’ouverte, les chiens se précipitaient dans la salle à manger, où ils étaient accueillis par les jurements et les miaulements des chats épouvantés, et par des cris de toute espèce :

— Prenez garde aux chats !… N’entrez pas !… Tenez vos chiens !…

— Ici ! Stop !… Tiby, allez coucher !…

Et, quand on était parvenu à refermer la porte sur les chiens expulsés, ils rentraient aussitôt, d’un bond, par la fenêtre, et les imprécations recommençaient de plus belle.

Chaque jour, la scène se renouvelait, au moment où l’on servait le café, sans que M. Robelin, en fut le moins du monde troublé.