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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/67

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le second rang du collier

c’est fini… Je n’ai pas mis une heure à l’écrire.

Je descends vite retrouver ma sœur, qui s’est réfugiée dans la cuisine.

— Était-ce bien terrible ?…

— On a parlé des Madelonnettes… Gare, quand le père va rentrer !…

— Allons au-devant de lui.

Tout doucement nous ouvrons la porte de la rue, et nous nous glissons le long des maisons vers l’avenue. Nous n’osons pas aller jusqu’au bout populeux, plein de gamins et de cabarets. Mais nous voyons très bien, au loin, passer, à de longs intervalles, les omnibus jaunes. Enfin, de l’un d’eux, le père descend, de l’impériale, sans que la voiture s’arrête, — ce qui nous fait toujours si peur, — et nous courons à sa rencontre.

Je suis un peu troublée. C’est peut-être stupide, ce que j’ai écrit : mon père va avoir une déception… Il me saura gré de l’effort, mais il vaudrait mieux, tout de même, que ce fût bien.

Je n’ai pas le temps d’hésiter… Nous revenons pendues chacune à un de ses bras.

— Père, je t’apporte quelque chose…

— Quoi donc ?

— De la copie !…

— Ah ! Enfin !… C’est gentil d’avoir pensé à faire plaisir à ton vieux papa. Donne, donne…

Et le voilà qui s’arrête et déploie mes feuillets.

Le cœur me bat ; je guette anxieusement son im-