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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/101

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

venez voir comme je travaille proprement.

Un parfum assez fort d’extrait de roses blanches flotte dans la chapelle ; un jour reposant, tamisé par les verdures voisines, l’éclaire. Quelques dos de livres luisent sur les rayons ; le royal ami, dans son cadre d’or, semble vous suivre du regard magique de ses yeux d’un bleu polaire.

Aucun désordre sur le piano-bureau ; plusieurs grandes feuilles de papier à musique, la plupart couvertes d’écriture, masquant, par places, le palissandre sombre. Ce que le Maître vient de composer est écrit au crayon, d’une écriture fine, très nette.

— Je recopie à la plume, me dit-il. J’aime que ce soit très clair. Quand je me trompe, je suis furieux.

Je lis, en haut d’une page recopiée : « Siegfried, troisième acte. »

— Justement, s’écrie Wagner, je dois recommencer là presque deux pages, parce j’ai gribouillé…

Et il me montre, au recto de la feuille, trois mesures raturées. Elles le sont rageusement, par un triple feston, très appuyé, qui forme comme une suite d’e et d’l.