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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/128

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LE COLLIER DES JOURS

devenait en Allemagne un compositeur célèbre et populaire. Grâce à l’intervention de mon père, Tannhäuser et Lohengrin avaient été représentés à Weimar et sur les scènes d’autres capitales. Les exigences de la vie ne permettaient pas de dédaigner la situation qui s’offrait : le Maître comprit qu’il fallait descendre des hauteurs de son rêve et s’engager dans cette route plus accessible qui s’ouvrait devant lui. En 1857, il interrompit donc la composition de l’Anneau du Nibelung ; l’Or du Rhin, la Walkyrie et deux actes de Siegfried étaient terminés.

— Quoi ! cette œuvre prodigieuse, si avancée déjà ?…

— Oui, et Wagner fit alors un nouveau miracle : il composa Tristan et Isolde !…. Quand l’amnistie lui fut enfin accordée, le Maître rentra en Allemagne. Il vit ce qui s’y passait en fait d’art, et qu’il n’y avait pas à songer à faire représenter sa Tétralogie. Il en publia pourtant les poèmes, précédés d’une préface où il indiquait à un souverain quelconque la marche à suivre pour parvenir à créer un grand art national. Puis il se mit à la composition de ses Maîtres Chanteurs. Quand le roi de Bavière fit appeler Wagner, il avait, lu cette préface ; et il