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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/133

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

existant ; je voudrais vous voir faire surgir des types aussi vivants que ceux que vous venez d’évoquer.

Villiers expliqua, mais clairement, cette fois, que c’était justement pour défendre l’idéal qu’il avait créé ce caractère de femme, hantée de si hautes aspirations, et mariée à l’homme « le plus terre à terre », le plus incapable de la comprendre, et qui la torturait sans le savoir.

— Un Prométhée femelle, conclut-il, dont le foie est dévoré par une oie…

On prolongea la soirée le plus possible ; mais il fallut tout de même en arriver aux adieux, à la séparation. Il fut convenu que nous reviendrions passer encore quelques jours après Munich, Tribschen étant certainement sur le chemin le plus court pour retourner à Paris.

Une dernière fois, la voiture de Wagner nous emmena, par les routes obscures, et après qu’elle nous eut quittés, à l’hôtel, longtemps nous écoutâmes le bruit de ses roues, le pas des chevaux, s’éloigner, s’éteindre, peu à peu, dans la nuit…

Le lendemain, de grand matin, quand nous sortons de l’Hôtel du Lac, pour nous rendre à la gare, quelle surprise ! Russ, le beau terre-neuve noir, est là, qui nous attend !