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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

Chaque dimanche, quand Pasdeloup jouait « du Wagner  », il y avait, dans l’enceinte du Cirque, des défis homériques entre les deux camps adverses, et le municipal devait, bien souvent, s’interposer pour arrêter les combats.

Jamais nous n’aurions imaginé qu’un jour nous pourrions contempler la face du Maître, qui était pour nous aussi inconnaissable que Jupiter au fond de l’Olympe, ou Jéhovah derrière le flamboyant triangle. Et nous allions vers lui…

— C’est pourtant à vous, ma chère Judith, que nous devons cette incroyable fortune ! — s’écrie Villiers, qui vient tomber sur la banquette où je suis et serre ma main dans les deux siennes.

C’est à moi, en effet, et mon orgueil n’est pas mince.

N’ai-je pas eu l’audace, il y a quelques mois, de publier, avec une étourderie bien française, n’ayant entendu, à l’orchestre, de l’œuvre gigantesque, que quelques fragments médiocrement exécutés, me fiant à mon seul instinct et emportée par mon enthousiasme, une série d’articles sur Richard Wagner ? J’avais même attaqué une étude sur Glück et Wagner que publiait Ernest Reyer, — un ami qui m’avait