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LE COLLIER DES JOURS

tion du magnifique dénouement qu’elle est en droit d’attendre.

Liszt me serre le bras affectueusement.

— Je suis absolument de votre avis, mais je dois me taire, dit-il d’une voix encore plus basse ; l’habit que je porte m’impose des opinions que je ne peux renier ouvertement. Je connais trop les entraînements du cœur pour les juger avec sévérité ; les convenances me forcent au silence, mais, en moi-même, je souhaite plus que personne la solution légale de cette pénible crise. Je ne puis rien pour la hâter. Quant à la retarder de quelque façon que ce soit, je n’en ai jamais eu la pensée.

Quelle surprise ! quel soupir de délivrance !…

— Est-ce que vous m’autorisez à écrire cela à Cosima ? m’écriai-je, dans un élan de joie profonde.

— Certes, dit-il. Je voulais vous demander de le faire ; assurez-la qu’il ne peut pas y avoir désunion entre nous, que je suis de cœur avec elle, mais qu’elle doit comprendre ma réserve et, pour le monde, en observer une semblable à mon égard, jusqu’à nouvel ordre.

— J’écrirai, ce soir même. Si vous saviez quel soulagement et quel bonheur cette nouvelle va apporter là-bas !