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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/174

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LE COLLIER DES JOURS

queue, il semble hésiter, se tait… Enfin le voici qui, d’un crâne mouvement de tête, rejette en arrière ses boucles ondulées, et il commence à lire d’une voix ferme, claire.

Je me tranquillise. Villiers, très sûr de lui, prend des temps, ménage ses effets : l’auditoire est intéressé ; un murmure flatteur accueille certains passages, on applaudit discrètement ; puis, de nouveau, le respectueux silence se rétablit. On écoute…

Mais, hélas ! qu’arrive-t-il ?…

Brusquement Villiers se tait, laisse tomber le manuscrit et regarde les auditeurs avec des yeux écarquillés, pleins d’épouvante. D’un geste fébrile, il dégrafe la ceinture de son pantalon, puis il ôte ses bottines et s’assied sur le piano.

Ô stupeur ! Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que c’est dans la pièce ?… Une mystification ?… une gageure !… en tout cas, de bien mauvais goût ! Tout le monde se lève, dans un brouhaha moqueur ; on vient à moi, on m’interroge.

Que dire ? Comment faire comprendre que Villiers s’est cru en danger de mort et qu’alors il s’agissait bien, pour lui, de convenances et d’à-propos !… Il a eu, sans doute, un petit spasme