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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/18

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LE COLLIER DES JOURS

fond de son âme, elle avait voulu fuir pour ne plus entendre ce chant à l’apparence si gaie.

Ce motif se joue maintenant seul et développe son intimité pour mourir dans la tristesse de la résignation, mais, en même temps, les cors font entendre, comme de loin, le chant solennel avec lequel Hans Sachs a salué Luther et la réformation et qui a valu au poète une popularité incomparable.

Après la première strophe, les instruments à cordes reprennent très doucement, et dans un mouvement très retardé, les traits du vrai chant du cordonnier, comme si l’homme levait son regard de son travail de métier pour regarder en haut et se perdre dans des rêveries tendres et suaves. Alors les cors, aux voix plus élevées, entonnent l’hymne du maître par laquelle Hans Sachs, au troisième acte, à son apparition à la fête, est salué par tout le peuple de Nuremberg dans un éclat tonnant de toutes les voix unanimes.

Maintenant le premier motif des instruments à cordes rentre encore avec la forte expression de l’ébranlement salutaire d’une âme profondément émue. Il se calme, se rassied et arrive à l’extrême sérénité d’une douce et béate résignation.

C’est le sens de ce petit morceau instrumental qui a même assez impressionné l’excellent Pasdeloup pour qu’il ait essayé de l’exécuter dans vos concerts comme échantillon de cette curieuse musique.

Pardonnez-moi, Madame, si j’ai osé complété, surtout à l’aide de mon mauvais français, votre connaissance d’ailleurs si profonde et si intime de ma musique, par laquelle vous m’avez vraiment étonné et touché.

J’irai probablement à Paris dans peu de temps, peut-être encore cet hiver et je me réjouis d’avance du vrai