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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/202

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LE COLLIER DES JOURS

est un prologue, n’est pas divisée en actes, ses quatre tableaux, furent exécutés sans interruption. Des changements à vue, commentés par l’orchestre, conduisaient d’un décor à l’autre.

L’exécution durait plus de deux heures, et cependant, même à cette première audition où toutes les facultés d’attention étaient tendues au possible, on n’éprouvait pas de fatigue, tant l’architecture du drame était simple de lignes, clairement exposée, tant la musique évoquait avec certitude les diverses phases, pour ainsi dire élémentaires, de l’œuvre et les personnifiaient en des thèmes et des rythmes d’une extraordinaire beauté.

Un seul passage me parut difficile à comprendre, celui, où, devant le trésor forgé par le Nibelung et qu’il vient de ravir, Wotan est, dit le texte, « frappé par une haute pensée ». À ce moment, se fait entendre, pour la première et unique fois, le Leit-motif du glaive, — ce glaive nommé Nothung. qui jouera un rôle si important dans les œuvres suivantes, mais qu’aucun geste ni aucune phrase ne désigne, quand paraît le thème qui le symbolise. — Liszt, interrogé par moi, convint qu’il y avait là une obscurité, et que Wagner s’en serait aperçu, s’il