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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/201

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

— Que veux-tu, toi qui viens d’en bas ?…
— Comme vous êtes claires et belles dans la lueur !
Volontiers mon bras enlacerait l’une de vous,
— Nixes élancées.
Si doucement elle se coulait vers le fond…
— Maintenant rions de notre peur :
L’ennemi est amoureux…


Et les ondines espiègles se précipitent du haut des écueils, poursuivent, agacent, tentent le nain ardent, qui, avec une fureur passionnée, bondit de roche en roche, cherchant à atteindre l’une ou l’autre. Mais les glissantes filles toujours se dérobent, lui échappent, et, tandis qu’il retombe, haletant et rageur, elles égrènent leur rire moqueur en notes cristallines…

Mais je ne vais pas me laisser aller, aujourd’hui, au plaisir de revivre mes souvenirs, en racontant l’Or du Rhin. Alors que je l’entendais, à Munich, dans le solennel silence du théâtre obscur, aussi bien que le métal vierge encore, qu’un rayon de soleil faisait luire sous l’eau, au sommet du roc, l’œuvre était pour la première fois révélée au monde, tandis qu’à présent, autant que l’or monnayé lui-même, elle est connue de tous.

Cette première partie de la Tétralogie, qui