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LE COLLIER DES JOURS

prend une si grande place, sont interdites.

Je regarde la décoration somptueuse de cette loge, de ce cadre auquel le tableau manque encore et qui va entourer, tout à l’heure, l’apparition, si désirée, du jeune souverain. C’est la première fois que nous le verrons, celui qui nous inspire une si profonde sympathie, celui que nimbe cette gloire d’avoir pu corriger une erreur du destin et atténuer la honte que gardera l’humanité pour avoir méconnu le Génie.

Les draperies de velours bleu, aux plis abondants relevés par des câbles d’or, la couronne fermée et le blason « lozangé d’azur et d’argent » et soutenu par des « lions rampants », — ce qui signifie : debout, en style héraldique, — accrochent seuls la lumière, et toute la loge royale forme comme une grotte d’ombre.

Tout à coup le roi est là, jaillissant de l’obscurité comme un astre sort du brouillard. Son juvénile visage cause une surprise délicieuse : nous ne le prévoyions pas ainsi. Féminin et volontaire, candide et dominateur ; sous les cheveux, très noirs, qui gardent, dressés sur le front, comme une ondulation de flamme, le teint est d’une pâleur chaude, presque bistrée, et un singulier accent d’énergie contraste avec