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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/223

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

a mis à disposition de l’intendant la somme énorme de soixante mille florins, pour obtenir un résultat parfait, comment pourrait-il croire à la mauvaise volonté et à la malveillance de ceux qu’il emploie ?

— Mais maintenant que vous êtes là, Maître, tout va changer.

— Non, hélas ! La première représentation est toujours fixée à jeudi ; le roi la désire et je ne veux pas le contrecarrer. Vous savez que toutes mes œuvres nouvelles lui appartiennent, en échange de l’indemnité annuelle qu’il m’accorde. Aussitôt une partition terminée, je la lui remets et il a le droit d’en disposer à sa guise. Cette fois je suis en protestation intime, mais muette, contre les représentations fragmentaires de la Tétralogie. Mais comment pourrais-je en vouloir au roi de sa juvénile impatience ?… à lui qui a tout tenté pour réaliser le projet de théâtre qui aurait permis l’exécution de mon œuvre dans son ensemble ?… Il ne se résigne pas à attendre, comme je l’aurais souhaité, des temps meilleurs, et il veut voir, au moins, représenter des parties de mon œuvre. Je ne peux que me soumettre. Et cela crée une situation singulièrement délicate : il est chagrin