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LE COLLIER DES JOURS

tandis que l’intendant s’éloigne, en faisant sonner ses talons.

Ils me semblent avoir tous les deux des mines de bandits : je grimpe l’escalier de Scheffer, poussée par le désir et l’angoisse de savoir.

Je trouve Wagner dans une disposition d’esprit singulière : ironiquement joyeux, amer, gouailleur, mais calme, sans aucune trace de colère.

— Vous rappelez-vous cette phrase du Roi Lear, me demande-t-il : « Ce n’est pas encore le pire, quand on se dit : C’est le pire… »  ? Aujourd’hui surpasse hier. Tartufflipp sort d’ici et la mesure est comblée. Non seulement on me refuse l’unique répétition que je sollicitais et l’on repousse, à jamais, Richter, qui a manqué à l’obéissance et au respect qu’il doit à un intendant tel que perfall, mais on me chasse, encore une fois, de Munich. Je suis, paraît-il, un danger public et ma vie est en danger. C’est terrible !… Le pauvre conseiller en était tout éperdu, sa bosse frémissait d’inquiétude… Vraiment, s’il tremble ainsi pour moi, sa santé s’altérera et, afin d’éviter un tel malheur, je vais partir au plus vite.