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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/236

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LE COLLIER DES JOURS

Il nous rappelle notre promesse de venir encore le saluer à Tribschen, en retournant à Paris ; il invite aussi Servais, qui viendra avec nous.

— Puisqu’on me chasse de Munich, dit Wagner, ceux qui m’aiment n’ont plus rien à y faire.

— Nous resterons seulement quelques jours, dis-je, pour surveiller l’ennemi et voir si, furieux de sa défaite, il ne prépare pas quelque vengeance.

— Bah ! le vainqueur se sauve et sera à l’abri de ses coups. Mais qu’on sache bien que je triomphe malgré moi, grâce à la généreuse défection de Betz, que je ne voulais en aucun cas m’opposer à la volonté du roi, ni empêcher la représentation. Quant à vous, Richter, n’oubliez pas que je ne vous donne que le temps d’aller embrasser votre mère et de boucler vos malles… et accourez à Tribschen, où votre chambre est prête.

Sans répondre, Richter saisit la main du Maître et la baise.

Le sifflet brutal du train nous interrompt : il faut se séparer. Wagner se lève et saute dans le wagon ; on ferme la portière. Penché encore à